Léon Gambetta
Pourquoi Gambetta ?
Parce que c’est lui qui a donné un programme à la République : après avoir plaidé comme jeune avocat pour le retour du suffrage universel, il s’est battu pour les grandes libertés politique (presse, réunion, association), l’éducation gratuite et obligatoire pour tous, la laïcité, et l’impôt sur le revenu 35 ans avant la loi etc.
Parce qu’il a donné un souffle à ce programme républicain, par la puissance évocatoire de son art oratoire. On ne peut mieux décrire la souveraineté populaire en si peu de mots : « Le jour où vous votez, vous êtes les maîtres » (Discours de Château-Chinon) ;
Parce que ses combats sont toujours d’actualité : le non-respect du référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen pose la question de la souveraineté populaire ; la concentration capitalistique dans les médias peuvent menacer le pluralisme de l’information ; le développement des inégalités scolaires et l’essor des très lucratifs cours de soutien mettent à mal l’objectif d’une instruction ouverte à tous ; l’évasion fiscale est un défi à l’impôt sur le revenu payé par le plus grand nombre, etc.
Parce que c’est l’imagination au pouvoir : on pense à la montgolfière avec laquelle il quitte Paris pour rejoindre Tours au risque de sa vie, sous la mitraille des prussiens ; mais c’est aussi son caractère visionnaire : il prône la séparation de l’Eglise et de l’Etat affirmé 25 ans avant 1905 et l’idée d’impôt sur le revenu 35 ans avant la loi.
Parce qu’il porte un message de cohésion nationale, forcément sans haine de l’étranger, naturalisé Français qu’il a été. C’est ce que l’on retrouve dans le gouvernement de Défense nationale en 1870 dont il a été l’âme et le principe actif : « Capituler comme gouvernement, vous ne le pouvez ni en droit ni en fait. Poursuivre la guerre jusqu’à l’affranchissement […] telle doit être notre tâche ». C’est aussi immédiatement après, sa démission de l’Assemblée nationale en refus de l’annexion de l’Alsace-Moselle : « nous déclarons encore une fois nul et non avenu le pacte qui dispose de nous sans notre consentement ».
Parce qu’il a su faire coexister cette cohésion nationale avec une pensée sociale. S’adressant à tous les Français, il avait une attention particulière pour les couches laborieuses, les « couches sociales nouvelles » dont il a théorisé l’avènement dans son discours de Grenoble : « la politique avait été réservée à une élite plus ou moins éclairée, […] injurieuse pour les petits […] [elle] va tomber dans les mains du petit bourgeois, de l’ouvrier, du petit capitaliste et du paysan ».
Parce qu’il a théorisé et pratiqué un réformisme ambitieux : « à l’opposition systématique, militante, héroïque, chevaleresque, que faisaient nos prédécesseurs, il faut substituer une opposition légale, constitutionnelle, parlementaire, scientifique, disputant pied à pied le terrain, établissant au sein de la république, la lutte pacifique des partis, qui n’est autre que la rivalité des idées ».