Gilets jaunes : les fractures françaises
Mardi 12 février 2019Les médias en parlent, les partis envient leur popularité, les élus jalousent leur liberté de ton, qui sont-ils ? Les Gilets jaunes, les citoyens. En critiquant des textes préparés par des centaines de haut-fonctionnaires chevronnés, discutés par des parlementaires démocratiquement élus, en manifestant, ils contreviennent au sacré des traités budgétaires, des modélisations économiques et de la parole présidentielle.
Dans l’épopée de la dizaine d’actes, ils évitent les tentatives de récupération partisanes et réussissent à maintenir leur courbe de popularité dans les sondages, malgré le passage en boucle sur les chaînes d’information en continu des images de violence. Quel homme politique seul y serait parvenu ?
Ils brandissent l’esprit critique et le doute méthodique, creuset des principes républicains et ils le font avec la force du désespoir. Ces anonymes déraisonnables rendent à nouveau désirable le statut de citoyen, celui qui donne son avis sur n’importe quel sujet et qui n’est jugé sur aucun d’eux. A la résignation face à l’irréversible, succède le sentiment de reprendre le contrôle. La Marseillaise qu’ils chantent n’est pas folklorique et le tricolore qu’ils brandissent n’est pas un quelconque rejet de l’étranger ; ces deux symboles carillonnent la joie de maîtriser son destin collectif. Décider, au risque de se tromper, mais de se tromper ensemble, plutôt que de se soumettre à la prédestination de l’expertise.
Alors que depuis des années il n’y avait pas d’alternative, le peuple s’est souverainement ressaisi du pouvoir de débattre, d’imaginer, de proposer – et qui sait demain, de décider par référendum.
Pour parler des Gilets jaunes, révélateurs des « fractures françaises » (Christophe Guilluy), pour évoquer la question de la violence contre et par le mouvement, les causes idéologiques et politiques de ce mouvement, mais aussi pour s’interroger sur la suite, nos conférenciers seront :